Le contexte

Au commencement, le Créateur modela les Dieux, afin qu’ils soient les dignes réceptacles de Sa Grandeur. Il les choya de présents, leur offrit l’éternité au sein d’un monde parfait. La moindre fibre de ce Paradis irradiait d’une lumière si pure et aveuglante que nul contour ne pouvait s’y distinguer, nulle ombre n’y existait. Contemplant Sa toile immaculée, le Créateur jugea que cela n’était pas bon.

Alors, Il fit les Hommes. Comme seul cadeau, Il leur offrit une existence éphémère et misérable au creux d’un corps chétif, comme seul héritage. Il leur légua le sang, les pleurs, la sueur et la cendre. D’un revers de main, Il balafra la trame blanche divine de la suie humaine. Alors naquît le contraste et Il vît que cela était bon.

Les premiers des Dieux, Zeus et Héra, et les premiers des Hommes, Adam et Eve, peuplèrent ce monde fait de lumière pure et d’obscurité totale. L’ordre régna pendant des éons, jusqu’à ce que Zeus ne commît l’irréparable en offrant son essence à une mortelle. Mû par son orgueil et sa luxure, le premier Atlante dilua son essence dans toute la Création, lumière et ténèbres se mélangèrent, demi-dieux et nymphes peuplèrent à leur tour le monde, pouvoirs et magie ruisselèrent dans les mains des mortels. Alors naquît la nuance, le Créateur jugea que cela était intolérable.

En guise de châtiment, Il maudit les Dieux en instillant le vice et la noirceur dans leurs cœurs. Il les laissa s’entredéchirer durant des éons lors d’une guerre qui ébranla les fondations même de la Création et manqua de les anéantir jusqu’au dernier. Dans un ultime accès de colère, Zeus détruisit le monde et tua sa première compagne Héra. Rongé par le remord, Zeus fut banni hors du temps et de l’espace afin qu’il pleure pour l’éternité.

Sauvant les dernières miettes éparses de Son Oeuvre, le Créateur élança quatre archipels flottant dans l’immensité du Ciel, à l’image des quatre derniers enfants divins encore en vie.


A Athéna, parangon de sagesse, il offrit Laeticia Mae, le berceau de l’Ordre et de la Loi.

A Arès, guerrier invincible, il offrit Noxis, un immense champ de bataille sur lequel il déchainerait sa folie belliqueuse.

A Artémis, chasseresse mythique, il offrit Shangri-la, un terrain de chasse peuplé de redoutables créatures.

A Dionysos, décadent absolu, il offrit Amanh, une terre aux innombrables délices exaltant les sens.          


Enfin, le Créateur entremêla les âmes des derniers dieux à leur archipel attitré, afin qu’ils veillent éternellement à leur sauvegarde. Les derniers mortels s’accrochèrent aux archipels comme aux derniers radeaux de la Création. Et Il vit que cela était bon.